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26 juillet 2011

« Je pensais parler tout seul, mais j'ai toujours parlé tout seul et je ne trouvai rien de drôle à ça. »
La Vie exagérée de Martin Romana, Alfredo Bryce-Echenique.


Chaque soir, j'essaie de me coucher à la même heure. J'éteins la télévision, je prends une douche, enfile une culotte, me glisse sous la couette, lis plusieurs pages de mon bouquin de la semaine, bois une gorgée d'eau puis ferme des paupières lourdes sur une cornée rougie. Je suis tout un rituel qui m'exaspère tant je sais qu'il ne sert à rien pour calmer ce qui se cache dans mon crâne et défile dans tout mon corps, du cheveu qui me chatouille la joue à la crampe aux orteils. Une fois les lumières éteintes, je ne parviendrai pas à m'endormir et c'est comme ça depuis que je n'ai plus d'horaires. J'ai pourtant besoin de dormir. Un besoin presque vital qui m'énerve dans ces nuits qui ne veulent rimer qu'avec insomnie. Ce n'est pas par fatigue. Le sommeil m'est nécessaire comme la pause dans ces journées qui tournent en rond, aux mêmes rythmes et remplies des mêmes choses. Pour oublier un peu que plus rien ne réussit à combler ce rien qui circule. Je ne veux pas me lever mais si le temps est pourri, les nuits sont chaudes, j'ouvre la fenêtre, regarde le silence, écoute le vide. Je pose une goutte de mon parfum préféré derrière l'oreille, le sens se mélanger à l'odeur moite de ces nuits qui trahissent la saison. Depuis des mois, je vis sans aide médicamenteuse mais les heures nocturnes à me tourner dans tous les sens, prises dans les débuts du scénario de la vie que je m'invente faute de pouvoir la vivre, j'en grignoterais bien quelques miettes. Ce début d'été m'est apparu comme un véritable calvaire dans lequel je ne parviens plus à suivre les heures qui défilent sans qu'elles ne puissent se remplir d'un seul événement qui pourrait me faire croire que ce n'est pas comme avant. Il n'y a pas si longtemps, attendre que le monde se réveille m'amusait. Les premiers oiseaux, les premiers pas, les premiers moteurs étaient ma berceuse préférée. J'ai besoin de soleil, de grains de sable dans les chaussures, de sueur sur la peau. J'ai besoin que septembre revienne. Et puis, j'ai besoin de rire surtout.

Bande-son : Worksong - Avishai Cohen

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