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12 juillet 2011



Mon portable ne sonnant jamais quand il le faut, j'ai directement eu droit – deux heures plus tard tout de même ! – à un message m'invitant à rappeler... le CPE (ma note précédente peut servir d'indice sur l'expérience que j'ai pu acquérir avec ces gens et donc de mes hésitations devant la perspective d'adresser ne serait-ce qu'un seul mot à celui-là). Ce jour-là, il était déjà et heureusement trop tard. J'ai tergiversé plusieurs heures jusqu'à ne pas trouver le sommeil. Le matin, à mon pseudo-réveil, j'en ai conclu que mes envies n'étant pas très claires ces derniers temps, une pièce ferait l'affaire. Pile, j'appelle ! En moins d'une minute, on me demande si je peux venir, disons... dans une heure. Le temps de trouver la route pour rentrer dans cette petite ville de campagne par le bon bout, histoire de ne pas avoir à chercher, je suis partie et arrive avec vingt minutes d'avance. Petite ville de campagne signifie rien à faire en attendant, à part griller clope sur clope, ce que je ne fais pourtant pas. Je bloque un moment devant le plan du collège sans savoir quoi en faire puis avance et demande à une femme qui traînait par là. J'attends enfin devant le bureau et commence finalement par me demander ce que je fous réellement là, pourquoi je suis là, n'ayant rien compris ni au message ni aux quelques paroles qui ont précédé mon « invitation ». À mon grand soulagement, cette période de l'année rend l'établissement désert. Aucun gamin pour me faire chier, me stresser ou encore me planter un couteau dans l'œil droit. Tout va bien !
Il arrive enfin, assez souriant, me sert la main. Il discute avec une surveillante qui doit surveiller allez savoir quoi. Je le laisse me snober un moment, attendant patiemment qu'on me demande de bouger. Je fais presque une tête de plus que lui, j'inspecte son allure, pense à autre chose pour m'éviter de rire. Il me montre la chaise, je m'assieds et là, le cauchemar commence : j'ai 15 ans et je m'attends à me faire sermonner. Il me demande de parler de moi et de ma famille – flinguez-moi, pitié ! –, puis de mes expériences et de mes motivations – mais quelles motivations suis-je censée avoir ? Il aurait fallu mentir mais de toute façon, la phrase est tombée au bout de deux minutes, m'a calmée, m'a bien montrée que quoi que je pouvais bien faire dans son bureau, c'était mort : « Vous semblez timide ! »
J'aurais pu lui énumérer toutes les qualités que je m'invente pour ce genre d'occasion. J'ai préféré me redresser, acquiescer à son baratin, continuellement et bêtement de la tête, sourire devant sa manière de parler de ses élèves et qui bizarrement me rappelle quelque chose. Il sait sûrement beaucoup de choses pour pouvoir me juger sur une attitude que je voulais en réalité polie – mais un CPE sait-il encore ce qu'est la politesse ? Faire remarquer ma réserve ne me donne pas envie d'essayer de prouver le contraire. Et il a ensuite le culot d'ajouter qu'il ne faut pas se fier aux apparences : phrase qui n'a absolument aucun sens. Il se fiera aux apparences parce que tout le monde se fie toujours aux apparences, s'arrête toujours à la première impression, s'enferme toujours dans ses idées premières. Que voulait-il que je dise ou que je fasse ? Tout le monde me croit timide. Déjà petite. Dans mon cas, on confond également la timidité avec le manque de besoin de parler pour ne rien dire, de faire semblant de s'intéresser, de poser des questions auxquelles j'ai déjà les réponses, etc.
Son idée est donc faite, je pars dans mes pensées, m'énerve intérieurement devant cet énième Léon qui se laissera avoir par une fausse impression. Je me réveille au moment où il demande si j'ai « mauvais caractère ». Alors là, c'est le pompon ! Évidemment que j'ai mauvais caractère ; même ceux qui ne me connaissent pas pourraient en témoigner. Je lui dis donc que non. Comme toutes les chieuses du monde, je rétorque que j'ai du caractère. Et puis, ça veut dire quoi, timide ? Croyait-il vraiment que j'étais du genre à la boucler devant un problème, à ne pas savoir me faire respecter, à manquer d'autorité, à laisser une gosse s'étouffer avec un petit pois pour ne pas déranger !
Quand il a rappelé, mon téléphone a bien chanté les Backstreet Boys mais j'étais sous la douche. Bien que je ne sache toujours pas ce que je faisais là-bas, je connaissais quand même le résultat. J'ai seulement écouté le ton monotone et légèrement endormi qu'ont tous les CPE. Par politesse, avant de le supprimer.
Aurais-je dû lui dire le nombre de CPE que j'ai réussi à pousser à bout, et ce malgré ma timidité.

Bande-son : Trouble Maker – Inna Modja

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