Bande-son : Broken-Hearted Girl - Beyoncé
17 novembre 2009
Mardi 17 novembre 2009
Au pont, je devais tourner à gauche, donc j'ai tourné à gauche. Pas de détours, puisque je m'agaçais toute seule, je me suis dit un non ferme et définitif, je ne suis pas une petite fille, j'ai passé l'âge de toutes ces gamineries. Quand je suis rentrée, j'ai sorti le paquet de feuilles que j'avais fourrées n'importe comment dans mon sac, je l'ai soigneusement placé dans la poubelle, j'ai sorti les petits bouts de papier utilisés pour y écrire les choses importantes, je les ai éparpillés sur mon lit, les ai rangés dans l'ordre chronologique puis me suis mise à les noter au propre dans un agenda que je n'utilise jamais et qui pourtant contient tout ma vie deux mille neuf. J'ai enfin vidé sur le sol le reste qui traînait dans le fond du sac que j'ai ensuite jeté en boule dans le bas de mon placard. Après avoir enlevé ma veste et mes chaussures, j'ai récupéré mon téléphone pour le remettre, face contre meuble, près de mes livres de contes. J'ai alors allumé l'ordinateur qui me laissera encore une bonne demi-heure avant d'accepter que je le touche. Je suis ressortie, pieds nus, récupérer dans le coffre de ma voiture mes achats de la journée. J'avais séché une heure de cours afin de pouvoir flâner un peu. J'ai toujours dit que je n'étais pas un stéréotype féminin, j'ai donc pris les trois paires de chaussures que je me suis offertes. Retournée au chaud et au sec, j'ai commencé les essayages avec beaucoup de satisfactions, celle d'avoir de nouvelles pompes immettables et celle d'avoir mon compte en banque totalement à sec. Je me suis enfin assise devant l'écran devenu noir, et après encore quelques rébellions, je me suis connectée, j'ai consciencieusement évité de lire mes horoscopes, j'ai supprimé, un à un, les nouveaux mails, et, sans trop savoir quoi faire de plus, j'ai ouvert un dossier qui, à présent, après une furtive pulsion de colère, se retrouve dans la corbeille. Après, je me suis mise à jouer à des jeux de bébés, ai écrit un 'bonjour' suivi d'un smiley rigolo à des gens qu'en réalité je ne connais pas, puis, n'ayant aucune réponse, j'ai attendu environ cinq minutes avant d'écrire un 'bye' suivi d'un smiley pas content. J'ai alors décidé de vérifier une énième fois si une fille m'avait enfin répondu et, nada, mais parce que la dernière fois, j'avais mis plus de deux semaines avant de lui donner signe de vie, j'ai souri et fermé la page, en pensant que, quand même, pour une fois que je fais le premier pas, elle pourrait faire un effort. Pour finir, me voilà devant une page blanche actuellement noircie de 28 lignes en Vrinda taille 10 pour ne rien y écrire de spécial mais y poser le récit d'une journée banale où j'ai décidé de lâcher l'affaire, de laisser tomber tout ce qui fait mal à un cœur et d'abandonner toute illusion néfaste à mon équilibre mental.