Le cadre

Je ne sais plus ce que je cherchais ; à la caisse, j'ai seulement payé pour un cadre photo et un singe en peluche. Je ne vous dirai pas son nom mais le petit chien voulait un ami. Il est doux et lui tient maintenant compagnie. Je ne sais plus où j'allais, un rendez-vous manqué sûrement ou quelques heures à attendre dans le vent. Je me suis peut-être trompée de jour, ou d'endroit. J'ai marché un peu, tourné en rond. Et sur un chemin qui m'était familier, mes pas ont suivi une habitude et m'ont traînée jusque devant cette fille, entourée de papiers, qui semblait s'ennuyer. Il aura fallu quelques secondes pour qu'avec son écriture de petite fille, elle note mon nom et mon numéro sur l'une des feuilles, et moi, la date de la rentrée sur le dos de ma main. C'est comme ça que je me retrouve quasi inscrite pour une année supplémentaire. Par un hasard douteux et un semblant de choses à faire. En rentrant, j'ai jeté le dossier d'inscription sur le tas de magazines non lus, préparé les papiers à photocopier, gribouillé dans mon agenda un horaire à partager avec un photomaton. Le petit chien regarde la télé, le singe s'est mis en boule dans mes couvertures. Après avoir enlevé le carton, j'ai posé le cadre photo sur mon bureau. Je n'ai pas cherché, je sais que je n'en ai pas. Qu'il n'y a aucun visage, aucun paysage que je souhaite voir encadré. Il restera là, vide, creux, comme un symbole. Comme une promesse. Avant la fin de l'année, j'y mettrai la tronche de la personne qui compte le plus pour moi.

Bande-son : I Am The Cosmos - Pete Yorn & Scarlett Johansson