Il n'y a que des suppositions qui me viennent. Mais quand elles me semblent si réelles, je ne peux pas ne pas y croire. Alors que je regardais un film sur les animaux, une force invisible est venue peser sur mes épaules et j'ai su que je n'avais plus de doutes à avoir. C'est comme ça quand on entre dans un monde rêvé, que tout se déroule selon un scénario bien ficelé, sans prévenir, la réalité refait surface pour hurler qu'elle existe et qu'il n'y a aucune autre vérité sinon la sienne. Brouille, détruit, emmêle. Je me suis trouvée perdue, lasse et défaite sous cette voix qui m'ordonnait d'ouvrir les yeux et d'arrêter de fabuler. J'ai ensuite tenté d'oublier, de me changer les idées en me plongeant dans des trucs chiants et sérieux mais prenants. Je me suis entêtée, j'ai imaginé la suite avec le sourire. Dehors, la pluie et le vent martelaient la vitre et les trottoirs. Un temps parfait pour se couper du monde, s'isoler et continuer à se mentir. Puis la semaine a commencé, un gros soleil éblouissant. J'ai pensé que mars devait être le plus beau mois de l'année. La température montait, j'étais déjà colorée, la tête pleine de jolies histoires pleine d'amour et d'espoirs. Et j'ai vu que mon haleine fumait, que le froid était encore bien trop présent et que mes lunettes de soleil n'étaient qu'un leurre voire un effet de style. La force invisible m'a giflée. J'ai failli pleurer. Je suis rentrée et j'ai dormi. Une bonne quinzaine d'heures pour croire qu'une vie aurait pu passer. Que j'émergerais en ce temps où l'oubli est présent. Je me suis réveillée, glacée et torturée. Rien n'a changé et rien ne changera. Je regarde avec envie ce qui m'est refusé. Je bave devant un monde qui me rejette. Je peux bien essayer de me faire croire que si j'espère très fort, ça arrivera, ça s'arrangera, ça se réalisera. Toujours le contraire qui me punit. Je ne sais pas me mentir.
Bande-son : Shark In The Water - VV Brown