> Home > Liens > Profil

14 février 2010

Malgré lui

Les bouteilles s'accumulent, sur le sol, dans le placard. Tout est un bordel sans fin d'une vie cloîtrée entre ses quatre murs d'un violet délavé, une couleur qui a vu passer le temps, s'est abîmée et enlaidie. Je frotte les taches au savon. Je me demande si je pourrais tout nettoyer. Demain, je m'en vais, pour ne pas déranger, je laisse une place vide puisque le vide est la seule trace que j'ai le droit de laisser. Sur mon chemin, un obstacle d'1m80 et plus de six décennies. Le combat est terminé à la seconde où il a éteint le moindre espoir qui pouvait encore subsister. Petite conne que je suis. Et ce temps perdu à croire qu'un jour tout pourrait aller mieux... Maintenant que tout n'est qu'un ramassis de mensonges, d'hypocrisies et de méchancetés, cet individu d'une perfidie inégalable ne mérite rien de ce qu'il veut. Parce que ça touche de près, j'ai parfois peur d'avoir ce mal qui coule dans mes veines. De nourrir ses défauts, d'en faire les miens, de ne jamais rien assumer et d'oublier ce qui rend mon égoïsme nettement supportable pour tous. Si quelqu'un m'a conseillé un jour de parler, de crever l'abcès, je peux affirmer que ça ne sert absolument à rien. Tenter de discuter avec un homme qui n'écoute rien, n'entend rien, ne comprend rien, mais pense et croit savoir, entendre, écouter et comprendre. Un juge incapable et incompétent qui rend un verdict sans preuves mais avec préjugés et croyances superficielles. Devant un type qui rejette constamment la faute sur les autres, culpabilise ceux qui n'y sont pour rien. C'est un mélange de mépris et de puérilité qui se dresse devant vous et les paroles flottent dans l'air, traversent trop facilement le vide de son crâne pour se remettre à flotter tel un nuage de fumée, brumeux et noirâtre, toxique et empoisonné de toute la connerie qui l'habite, et enfin explose pour me tatouer sur le corps toutes ces blessures purulentes qui resteront à jamais ouvertes et qu'il se plaît à voir saigner. Soixante ans et une mentalité de gamine capricieuse, il menace, fait du chantage. Il n'y a pas de mots pour qualifier la violence d'un chantage affectif. Le monde doit se plier à ses quatre volontés, puisqu'à son âge il considère ne plus avoir de concessions à faire, surtout pour quelqu'un envers qui il n'a jamais fait de concessions. Je suis la poussière qui ne part jamais, l'accident, l'erreur de sa vie, le point noir, la tache qu'il veut nettoyer à l'acide. Si avant ce n'était qu'une hypothèse, à présent c'est une certitude. S'il n'était pas mon père, c'est que depuis le début, je n'étais pas sa fille. Je dois être exterminée, rayée de la carte. Parce qu'il le veut. C'est lui ou moi, menace-t-il. Foutre la merde pour pouvoir m'éloigner, me laisser seule sur le bord de la route. Il veut tout si le tout est le peu que j'aurais pu avoir. Ce qu'il me reste, il me l'enlève. Et ces mots tranchants qui n'ont pour but que de blesser. Le bonheur d'un homme doit-il inévitablement passer par le malheur des autres ? Pourquoi vouloir construire sur le champ de ruines qu'il fait de ma vie ? Prendre un malin plaisir à aggraver les choses, il veut faire souffrir. Cet être malveillant !

Je devais l'écrire avant de passer à autre chose. Parce que je suis bien plus intelligente que lui, je le laisserai tomber dans l'oubli et lui offrirai mon indifférence et mes silences. Derrière le masque, un monde malsain s'est étendu. Je suis la preuve de sa médiocrité, sa faiblesse et sa lâcheté. Je devais l'écrire avant de m'en libérer. Je guérirai malgré lui.

Bande-son : Sunday Bloody Sunday - U2
Site Meter