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25 octobre 2009

Le maître du temps

Le matin tapisse, au travers des volets, les murs de ma chambre d'un gris argenté à quelques reflets d'un bleu clair semblable à un ciel d'été. Je me redresse mollement pour découvrir au pied de mon lit, le réveil qui m'affiche de ses lettres rouges clignotantes, 9:17. Beaucoup trop tôt pour un dimanche, j'ai les paupières lourdes, l'estomac noué et nauséeux. Je me lève, allume l'ordinateur, enfile le pull et le pantalon qui traînaient sur le sol. Je retourne dans le lit, un livre à la main, et quinze minutes sur la même page, je pointe du nez, les yeux qui menacent de se fermer, j'ai mal au cou. Je me lève, éteins l'ordinateur, allume la télévision : des dessins animés. Le temps me semble long, fatiguée, je m'allonge et n'arrive pas à me rendormir ; le réveil annonce 13:44, j'ai raté mon émission. Je ne prends plus de somnifères depuis que mon médecin a déménagé, à dix kilomètres, mais un cabinet inconnu m'effraie ; je carbure aux anti-douleurs, aspirine et paracétamol, il n'y a plus que les légères envies de vomir qui m'aident à dormir, celles-là même qui m'empêchent de vivre mes jours. 15:56, j'avale les cachets, m'allonge et attends, les pensées collées au plafond, une croix relie mon cerveau gauche à son homologue droit, j'espère très fort que mon volet se fermera seul. Consciente de ma faiblesse, je le ferme moi-même puis m'écroule sur l'oreiller, écrase la couette, presque le chat ; j'entrevois 16:22. Une lumière étrange grandit sur le miroir qui domine le mur d'en face ; le jour filtre, j'ai mal fermé. Chaque bruit me donne une poussée d'adrénaline, cette sensation agréable des manèges qui tournent dans tous les sens, c'est la descente que je vis, toute blottie dans mon lit. Presque dix-neuf heures, il semblerait que j'ai pu dormir, le noir tombe dans la rue, les familles se séparent, claquages de bisous, serrements de main, je me retourne et imagine les images des sons qui me tiennent compagnie. Je me sens bien, un peu dans les vapes, le crâne lourd et les membres mous, le matelas est doux, mes draps sentent bons, il est bientôt vingt heures et je n'ai rien foutu de ma journée. Alors, j'ai fait ce qu'il fallait faire, je me suis levée, lavée, habillée, maquillée, parfumée, nicotisée et caféinée, et j'ai mis mon réveil à l'heure. Nier l'évidence m'a fait gagner une heure. A cet instant, j'avais réussi à niquer le temps.

Bande-son : I Just don't know what to do with myself - The White Stripes
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