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12 septembre 2010

Allô, Dr Freud ?

« Lire et rêver, ces narcotiques, étaient mes antidotes, mais les régions où les actes sont possibles me paraissaient à jamais hors d'atteinte. »
Ernst Jünger

J'écoute le cliquetis des bouteilles qui roulent sous la table. Il ne m'aura pas fallu longtemps pour reprendre mes mauvaises habitudes. Et ce, depuis vendredi dernier, quand, sur le trottoir ridiculement petit, il arborait une chemise bleue des plus ringardes et un air perdu bien que trop souriant. J'ai recommencé mes détours et mes départs improvisés sans but, si ce n'est celui de le voir. Je suis retombée dans les traditions puériles. Lire mon horoscope dès sa sortie jusqu'à tenter de me décrypter les lignes de la main. Parier sur les conséquences des faits. Jouer au « si j'arrive avant truc, c'est que... » ou « si machin gagne, c'est que... ». Faire mon vœu quand je tombe sur le 11:11. Croire aux signes de la vie, renier les chances et hasards. Utiliser Goggle Earth pour découvrir une adresse. Me tirer les cartes, jeu de tarot, jeu normal, 32 ou 52, jeu spécial sorti d'un magazine féminin. Tout est bon à prendre. Et les réponses contradictoires ne changent rien puisque ne s'accrochent que celles qui me plaisent.
Qui a dit que nous étions maîtres de notre destin ? Depuis quand faisons-nous en sorte d'y croire ?
Lorsque j'ai le courage de m'endormir sans surdose médicamenteuse, je me laisse emporter dans ces histoires étranges que seuls, une nuit, un sommeil et un cerveau lunatique peuvent se permettre de créer. Si auparavant j'escaladais les pentes rocailleuses sous un ciel pluvieux et sombre, en talons aiguille et à quatre pattes, aujourd'hui, je monte ma lourde charge, droite comme un I, la tête haute sous les exclamations admiratives des protagonistes oniriques. Je ne me surprends plus des visages connus ou inconnus au bataillon. Ils apparaissent et disparaissent, parlent ou se taisent. Ils sont simplement toujours là, peu m'importe leur apparence depuis qu'elle est humaine.
Dans mon monde, tout reste à sa place et tout ce qui vit dans l'imaginaire ne se matérialise jamais dans le réel. La seule chance de voir des vœux exaucés serait de ne jamais les souhaiter.
J'ai eu droit à un nom et un prénom. Un visage parfaitement reconnaissable et une identité claire mais introuvable dans les annuaires, un mystère énervant. Chaque jour, j'inscrirai dans mon carnet rouge dix mots qui correspondront au souvenir du rêve. Comme une équation à trop d'inconnues, que mon bac scientifique me serve un peu ! J'avais plusieurs fois lorgné sur le rayon freudien de la bibliothèque, envie abandonnée pour cause d'hésitation sur l'édition. Bien que je cherche la prémonition avant l'explication, demain, je prendrai la plus abîmée, avec la fiche de retour la plus tamponnée.

***

Quand, en rêve, je m'imagine me promenant sur Internet, je fais la taille de mon écran et je ne parviens jamais à sortir du site parce que je marche sur la page.

Bande-son : I'll Be Your Pillow - Eliza Doolittle
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