« Rust never sleeps. »
Deux mois rythmés de nuits blanches, insomnies et autres défaillances ; deux mois pendant lesquels je me mettais en colère contre le manque de temps et le manque de place de mon cerveau, je n'existais plus que dans la vue d'un objectif dont la fin n'est même pas encore arrivée. L'emploi du temps réglé à la seconde sombre maintenant au fond de la poubelle avec les restes de plats préparés que la fatigue m'empêchait même de passer au micro-ondes. Je sens ma tête se vider lentement. Le soleil revient et je reste là, sur un bureau caché sous la poussière, lasse et inactive à réactualiser la même page depuis des heures. Courir après le temps. Avoir du temps. Mais pour quoi faire ? Ces deux mois ont flingué tout un processus qui se mettait difficilement en marche. Je ne sais plus comment occuper mes journées, ne sors plus, n'ai envie de rien. Je ne sais pas qui appeler. Je ne sais même pas s'il reste encore quelqu'un à appeler. Une éternité de deux mois qui m'a coupée du monde et m'y rejette sans mode d'emploi. Chacune de mes pensées n'était dédiée qu'au travail, elles se chamboulent à présent, ne trouvent plus de cohérence et forment un labyrinthe insipide dans lequel j'enterre les cadavres de mes essais mort-nés. La tête ailleurs, concentrée comme jamais, je me suis oubliée et je reviens maintenant dans cette réalité qui me rappelle à quel point j'étais perdue et à quel point je ne suis pas près de me trouver. Me libérer d'un poids ne réussit qu'à laisser la place à un autre poids bien plus collant et insupportable : l'ennui.
Bande-son : On Fire - Eminem