Purification

Peu de temps après avoir jeté à la mer le porte-clés qu'il m'avait offert le jour où je fêtais peut-être mes onze ou douze ans, les vagues se sont déchaînées, et depuis j'essaie de me rappeler d'une journée où il n'a pas plu. Puisqu'en ce moment je suis d'humeur superstitieuse et légèrement conne, j'ai pensé un peu trop longtemps que j'étais la cause du mauvais temps. Peu importe, comme il ne m'a pas donné beaucoup de choses, je continuerai jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de lui dans ma boîte à souvenirs. Peut-être un ou deux anniversaires et des cadeaux offerts comme ça l'air de rien, ça tiendra dans une main quand je serai au bord de l'eau. Ou mieux, au-dessus de la poubelle.
Tout a commencé ce week-end que je passais en 'famille'. J'avais demandé à ma mère de m'acheter des gâteaux. Lui n'était pas là, on ne me dit rien mais je sais. Mon paquet de gâteaux est quasi vide, elle me dit, tout sourire, qu'il les a trouvés très bons. Je ne dis rien mais regrette son absence. J'aurais pu lui dire que c'était mes gâteaux à moi toute seule. J'aurais joué la petite garce capricieuse. Il aurait tenté de me claquer mon égoïsme à la gueule, comme d'habitude. Je lui aurais dit que ça ne me gêne pas de partager, mais pas avec lui. Peut-être aurait-il ajouté quelque chose. J'aurais fini par lui dire que je partage suffisamment de choses avec lui et bien plus importantes et bien plus insupportables, qu'il ne devrait pas s'amuser à ça avec moi. Genre : « Je partage déjà ma famille avec toi alors que toi tu ne partages pas la tienne avec moi, tu vas pas en plus bouffer mes gâteaux... »

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Bande-son : Hey you - Pink Floyd